Quand la coopération embellit le paysage
« Mieux se connaître pour se faire confiance et coopérer ». Telle pourrait être la devise de l’Ouvre-Boîtes où nous encourageons autant que possible les coopérations entre entrepreneur·e. Et parfois ce ne sont pas un·e ni deux mais cinq entrepreneur·es d’un même métier qui travaillent ensemble pour la première fois sur un projet. Ces coopérations sont précieuses et en entraînent souvent d’autres. Exemple ci-dessous avec Caroline, paysagiste conceptrice de jardins et Florian, paysagiste qui nous racontent comment avec d’autres, ils et elles se sont créé un petit collectif de collègues de l’Ouvre-Boîtes avec qui il est « fun » de travailler.
Caroline, Florian, Gweltaz, Eve et Anthony ont au moins deux points communs : ils et elles sont paysagistes et entrepreneur·es à l’Ouvre-Boîtes. Ils·elles se croisent dans la coopérative et certain·es ont l’envie de travailler à plusieurs mais ne se connaissent pas plus que ça. Cette envie les pousse à organiser, avec l’appui de Charlotte, chargée d’accompagnement à l’Ouvre-Boîtes, des réunions autour des « métiers du paysage » pour apprendre à mieux se connaître, à savoir exactement qui travaille comment et avec qui.
Une expérience événementielle commune lors de la Folie des plantes 2022 leur permet de tenir un stand collectif pour se faire connaître du public. C’est dans ce contexte favorable que l’envie de travailler sur un projet commun se renforce… Jusqu’au jour où, Anne-Sophie, une autre entrepreneure de l’Ouvre-Boîtes, leur propose un projet un peu fou, à l’origine du moins…
Elle a été contactée par un domaine près de Nantes qui accueille des séminaires et mariages. Le terrain de jeu est immense et l’enjeu ambitieux : dépoussiérer l’image du lieu tout en créant un éco-domaine de plusieurs hectares, en veillant à respecter le bien-être du vivant. A l’issue de la première réunion client, ils et elles ressortent « avec des étoiles dans les yeux » raconte Caroline, encore émerveillée.
S’ensuit une phase de réflexion et d’organisation autour de la réalisation du devis. Comment faire fonctionner un groupe qui n’a encore jamais travaillé ensemble ? Quelle méthodologie utiliser ? Qui fait quoi ? Quels outils mettre en place pour gérer et communiquer ? Ils font appel à Charlotte pour les accompagner et à Olivier, autre entrepreneur de la coopérative pour leur fournir des outils numériques collaboratifs. « On a même passé une semaine à se demander si on allait pas créer une enseigne dédiée à ce projet » explique Florian. Ils s’accordent finalement sur deux propositions : un devis très complet sur de l’accompagnement global à l’échelle du site, et un autre plus restreint sur de l’aménagement pur et dur.
Malheureusement, le client ne dispose pas du budget escompté sur aucune des propositions. L’équipe est contrainte de revoir sa copie. A peine monté, le collectif est mis à l’épreuve et doit redoubler d’intelligence collective pour trouver des solutions. La bonne entente du groupe, la forte envie de travailler ensemble et la personnalité de chacun et chacune leur permet de trouver une solution même s’il faut gérer un temps d’incompréhension, faire des concessions et largement réduire la voilure. Anne-Sophie et Olivier ayant des compétences sur la partie arboricole abandonnée pour rentrer dans le budget quittent le collectif. Ce sont in fine 5 paysagistes (Florian, Caroline, Eve, Anthony et Gweltaz) qui se lancent sur un projet d’aménagement bien moins ambitieux qu’à l’origine.
Ces cinq-là se rendent rapidement compte en faisant qu’ils ont des approches et des méthodologies de travail communes, liée notamment à leur formation de paysagistes. Les deux journées passées sur le projet, l’une pour concevoir et l’autre pour réaliser se déroulent sans embûches et dans la bonne humeur, malgré un timing très resserré. Caroline et Florian s’accordent pour dire que les personnalités qui composent le groupe y sont pour beaucoup. « Il n’y a pas de personnalité écrasante et les tâches se sont réparties de manière naturelle ». « C’est ça qui fait notre force ! Ici, contrairement à d’autres boîtes de paysage, il n’y a pas un chef d’équipe. On est tous là comme si c’était notre propre chantier » précise Florian.
Cette expérience positive entraîne de nouvelles coopérations, notamment pour la réalisation d’un jardin à Nantes où Caroline travaille sur la conception et fait appel à Anthony, Gweltaz et Florian pour la réalisation. « Je vois un peu notre groupe comme des ressources humaines, quand j’ai un chantier plus conséquent que d’habitude, je sais que je peux faire appel à elles et eux » confie Florian. « Et ça rassure souvent le client que de voir plusieurs personnes travailler ensemble » ajoute Caroline. Comme nous le dit Florian : « Être à plusieurs nous permet d’avancer plus vite et les clients ont envie de voir des chantiers qui avancent, c’est très rassurant pour eux ! Et ça nous permet aussi de trouver des solutions plus vite que si on était seul…et puis c’est surtout fun de travailler ensemble ! »
Le fait d’appartenir à la même coopérative et de porter des valeurs communes peut aussi conforter les clients dans le choix de ce collectif informel de collègues paysagistes.
Aujourd’hui, ils et elles auraient envie de pousser la réflexion plus loin, de travailler sur une charte ou un code de déontologie de la coopération pour formaliser les choses et être en capacité d’inclure de nouveaux·elles collègues dans l’équation.
Quand on leur demande de quoi ils et elles sont le plus fier·es, ils et elles prennent un temps avant de répondre avec aplomb : « La bonne intelligence, le respect et l’écoute mutuelle qu’il y a eu entre tout le monde » pour Caroline et « le fait de mettre réellement en pratique les grands principes dont on parle dans la coopérative : la coopération en bonne intelligence ! » conclut Florian.